lundi 20 août 2007

Utilitarisme

La morale utilitariste

« Les gens ont tous droit au bonheur »


John Stuart Mill (1806 – 1873) et Jeremy Bentham (1748 – 1832) sont les deux grands représentant de la philosophie morale que l’on nomme l’utilitarisme.

Utilitarisme parce que, selon eux, ce qui est utile est ce qui contribue au bonheur. Pour eux les actions humaines devront être jugées en fonction des conséquences qu’elles ont sur le bonheur du plus grand nombre. Non pas le bonheur individuel, mais celui de l’ensemble des individus.

Cette philosophie morale a pour fondement le plaisir et la douleur.

« La nature a placé l’homme sous l’empire du plaisir et de la douleur. Nous leur devons toutes nos idées ; nous leur rapportons tous nos jugement, toutes les déterminations de notre vie. Celui qui prétend se soustraire à cet assujettissement ne sait ce qu’il dit ; il a pour unique objet de chercher le plaisir, d’éviter le douleur, dans le moment même ou il se refuse aux plus grand plaisirs, et ou il embrasse les plus vives douleurs. Ces sentiments éternels et irrésistibles doivent être la grande étude du moraliste et du législateur le principe de l’utilité subordonne tout à ces deux mobiles ».

« Principes de législation », Œuvres, p.9

Tout chez l’homme est ainsi subordonné au plaisir et à la douleur. Ce qui apporte du plaisir est utile parce qu’il contribue au bonheur. Le plaisir est donc le fondement de la morale pour les utilitaristes. Ce qu’il faut bien voir, c’est que cette doctrine repose sur un précepte, à savoir que tous les individus ressentent chaque plaisir ou chaque douleur de la même façon.

Une question se pose alors : Comment évaluer les plaisirs et les comparer ?

Bentham propose une arithmétique des plaisirs selon certains critères.

1- Sa durée
2- Son intensité
3- Sa certitude (la probabilité de sa réalisation)
4- Sa proximité (le moment où il aura lieu)
5- Sa fécondité (la quantité de plaisir qu’il peut entraîner)
6- Sa pureté (le moins de douleur possible)

Mill croit aussi que le bonheur est la seule fin désirable. Cependant, il n’admet pas exclusivement les critères de Bentham. Ils sont strictement de l’ordre du quantitatif. Pour Mill, il manque un critère important : la qualité. La qualité regarde les plaisirs liés aux facultés supérieures de l’homme : l’intelligence et les arts. Il ne s’agit pas juste de réaliser les plaisirs liés aux besoins primaires, naturels et nécessaires : les besoins animaux. Le seul critère qui justifie cela selon Mill est que ceux qui ont connu les deux formes de plaisir admettent que les plaisirs des facultés supérieures sont supérieurs.

On ne peut se baser sur le jugement de ceux qui ne réalisent que les plaisirs sensuels. Il y a donc des plaisirs plus nobles que d’autres, qui ont plus de valeurs.

« Il vaut mieux être un homme insatisfait (…) qu’un porc satisfait; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »

L’utilitarisme, p.54


Les plaisirs augmentent le bonheur, mais un critère est très important dans la morale de Bentham et de Mill; il faut toujours voir au bonheur du plus grand nombre. Il faut tendre à l’impartialité.

Pour évaluer un plaisir, un critère est décisif : son étendue, c’est-à-dire le nombre de personnes qui sont concernées par lui. Ce critère est important pour juger ou vérifier si une action est conforme au principe d’utilité : il faut que l’action tende à augmenter le bonheur de la collectivité et non l’inverse.

La finalité de l’éthique est le bonheur du plus grand nombre.

C’est donc dire que l’évaluation morale est liée aux conséquences que les actions entraînent autant sur l’agent moral que sur les autres qui subiront l’action.

Il faut donc considérer les conséquences de l’action.

L’individu doit donc calculer, devant un dilemme éthique, quel choix aura les meilleures conséquences quant au bonheur, quant à son utilité.

Le sacrifice est alors légitime, même s’il s’accompagne de souffrance, en autant qu’il augmente le bonheur du plus grands nombre.

Les animaux :

Pour Mill, puisque les animaux sont des êtres qui ressentent le plaisir et la douleur, il faut alors les considérer dans notre évaluation.

NB : On voit ici la différence essentielle d’avec la morale de Kant. Kant base sa morale sur la raison. Les animaux sont alors exclus. Les utilitaristes eux sont tributaires de l’empirisme anglais. Il considère davantage la raison comme une machine à calculer, déduite de la sensibilité. L’essentiel c’est la souffrance et non exclusivement la raison.

Donc, la moralité d’une action s’évalue qu’en fonction des conséquences. Si une action à des conséquences positives pour les autres, même si l’intention de l’individu est égoïste, l’action peut être moralement bonne. L’utilitarisme s’occupe moins des intentions de l’agent que des conséquences de l’acte. Il faut calculer les avantages et les désavantages de nos actes, mais même si cela n’est pas fait, l’action peut être jugé comme moralement bonne.

Ex : Imaginons un homme qui est toujours en discorde avec un voisin pour une raison x. Un jour, sa colère envers lui est à son sommet et l’homme inflige un coup violent au voisin et le tue. La police arrive et fait son enquête. Cet homme a tué un dangereux criminel qui s’apprêtait à faire exploser un édifice où travaillent plusieurs individus. Conséquence de l’acte : un plus grand bonheur pour un grand nombre de gens !

Les utilitaristes diraient que l’action n’est pas digne d’éloge, mais qu’elle a été bonne pour la communauté.

Ce point représente une difficulté de l’utilitarisme, mais ce que l’on peut voir par là, c’est qu’il n’y a pas de règle de morale universelle qui prévaut. On parle alors d’un relativisme, car les conditions sociales peuvent varier énormément et dans certaines, pour le bonheur du plus grand nombre, il vaut mieux parfois mentir ou même tuer pour le bien de tous.

« C’est un fait reconnu par tous les moralistes que cette règle même, aussi sacrée qu’elle soit, peut comporter des exceptions : ainsi (…) dans le cas ou, pour préserver quelqu’un (…) d’un grand malheur immérité, il faudrait dissimuler un fait (par exemple une information à un malfaiteur (…) et qu’on ne put le faire qu’en niant le fait »

L’utilitarisme, p .77



Faiblesses de la théorie :

1 : La demande d’impartialité et le problème de la liberté.

Comment la liberté est-elle possible si tout est une question de calcul d’intérêt basé sur la souffrance et le plaisir ? La liberté ne serait-elle pas conditionnée par la souffrance et le plaisir ?

2 : Pouvons-nous juger impartialement des souffrances et plaisirs que représentent nos actions envers autrui ?

Autrement dit, est-il vrai que nous ressentons la souffrance et le plaisir de la même façon? La sensibilité de l’homme ne semble pas être universelle. Des hommes seront plus sensibles à la souffrance des animaux par exemple que d’autres.

3 : Cela nous porte à savoir quelle forme de bonheur devons-nous choisir ?

Loft story est-il un bien pour tous ? Staline avait un projet pour les russes, pour leur bien. Mais cela valait-il pour tous ?

4 : Le problème du conséquentialisme.
Comment prévoir que notre décision apportera forcément le bonheur du plus grand nombre ?

Aujourd’hui, un homme peut vouloir exploiter le pétrole pour aider la communauté. Mais avec la question de l’environnement, ne va-t-il pas lui nuire à la longue ?

5 : L’intention de l’auteur.

Si nous ne jugeons pas l’acte moral en fonction de l’intention, une action mauvaise intentionnellement peut bien servir au bonheur du plus grand nombre ? Est-ce moral ?

6 : Le sacrifice.

Nous devons nous imposer certaines obligations (le bonheur du plus grand nombre). Cela nécessite la liberté. Mais sommes-nous libres de faire ces sacrifices ou sommes-nous conditionnés à les faire ?

Un chien qui sauve son maître peut très bien le faire pour ses besoins égoïstes. Il sait peut-être que si son maître meurt il perdra plusieurs de ses intérêts ?

Nous pensons peut-être au bien des autres de manière égoïste. En ce sens, les jugements impartiaux ne sont pas possibles.


Les forces de la théorie :

La théorie tient compte des autres espèces.

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