mercredi 31 janvier 2007

Le pôle con

Je regardais dernièrement un documentaire à l’émission « planète bleue » de télé-québec. Ce documentaire portait sur la situation actuelle des ours polaires, notamment au Canada et au Groenland. Que vis-je ? Une situation désespérante. La fonte des glaces laisse certaines de ces bêtes recluses sur la terre ferme où règne l’absence de nourriture. Là, une femelle, avec une paire de cuisses à peine plus large que les miennes (impressionnant pour un animal qui fait 12 pieds debout sur ses pattes arrières) agonise et ne passera pas l’hiver. Bon sang, comment avoir le moindre amour pour l’homme devant le tableau de ses conséquences. À ce moment, plus rien en moi ne tend à prendre aux sérieux quelques bontés que ce soit pour mon prochain. Disqualifié me dis-je !
La situation est problématique au niveau éthique : cela va de soi. Mais, de quelle éthique parlons-nous précisément ? Celle des gouvernements, bien écrite sur papier. Celle dont l’on parle autour de la table lorsqu’on dit : « Le réchauffement, c’est terrible! » ; « Où va le monde ? » ; « Il faut récupérer, c’est bien ! » Eh bien, mes amis, derrière nos beaux dires et nos intentions de salon je ne cesse d’entendre l’hypocrisie et le grand je m’en « foutisme », la lâcheté, l’indifférence et la soie bienveillante qui couvre nos nuits sans souci.
Il va de soi que de bonnes intentions sans actualisation sont tout à fait légitimes, mais il y a une limite à notre bêtise. Le problème est que nous vivons dans une société, que nous sommes, hypocrite et malade. « Ouais ouais »… une belle annonce pour sensibiliser la population au sort de la planète et la pollution, et tout de suite une autre qui nous annonce la nouvelle Ford « patante » à 300 chevaux vapeurs qui «fly» sur la route de la liberté. Ou encore, une belle publicité sur la nécessité de la santé et de bien manger suivie d’un gros burger signé fast-food x qui nous invite lui aussi à bien le manger. En tout cas, un bon dialecticien sorti de l’antiquité nous en mettrait plein la gueule de notre ignorance et de notre sophistiquerie.

Pourquoi ne sommes nous pas capable de prendre une décision collective claire et précise sur la question de l’environnement ? La raison principale, c’est que nous n’avons pas tous les mêmes intérêts et ne partageons pas les mêmes valeurs. Si on creuse un peu, la raison de cette dissonance est le régime démocratique et sa conjointe : la libre entreprise. Le régime démocratique, parce qu’il permet la divergence des valeurs (tant et aussi longtemps qu’on respecte nos libertés individuelles), et la libre entreprise, parce qu’elle est responsable en partie de la pollution, de par la compétition qui en est une bonne cause. Dans les deux cas, ce qui est permis, c’est une certaine relativité des valeurs. Or, n’accusons pas trop vite des mots et termes où personne en particulier n’est ciblée, car c’est la leur mérite; d’être des fantômes pour qui les accuse. Accusons-nous donc nous-mêmes, nous, les colonnes flétries ; les bonnasses fières de rouler; les grands accusateurs de tour de table; les collectionneurs de projets avortés. Bon sang mes amis, qu’espérez-vous à rouler trois fois pour rien afin d’avoir le « parking » le plus près de la porte, de collectionner les emballages et d’acheter des décorations déportées que vous oublierai à la nouvelle aurore. À quoi ça sert me direz-vous, la planète et la vie continuerons sans nous ! Eh bien, voilà le problème : « sans nous». C’est en dire long de notre noblesse et de notre cran; de notre volonté de changement et de notre fermeté. À coup sûr ce qu’il nous manque, c’est de nous imposer une forme pour l’avenir, nous, la génération de l’instant et de la simplicité volontaire. Cette imposition viendra sans doute de l’extérieur… Attendons-là… Légiférons sur les choses tranquillement. Soyons de vrais chrétiens : vivons à la verticale au lieu de l’avant.
Et surtout, s’il vous plaît, ne prenons pas l’argent de l’état pour voir du lointain un ours agoniser tranquillement, nous y serons presque, très prochainement…

Héraclite (l'exception occidentale)


Héraclite a lui aussi comme Anaximandre manifesté une vive considération pour le mouvement. En fait, Héraclite prend le mouvement pour principe. Or, pour Anaximandre, il y a un « hors de » de l’apeiron pour le cosmos constitué. Le germe cosmique dans le juste rapport des extrêmes est d’une manière paradoxale libéré hors du mouvement fluide sans mobile. Ce point délicat a alimenté et aliment encore plusieurs débats. Ce qui importe ici, c’est qu’Héraclite va examiner le mouvement en lui-même comme principe conciliant « en lui l’infinité des êtres et leur unité essentielle». Le mouvement infini chez Héraclite correspond à une infinité de puissance comprise comme dynamisme de créations infinies. Mais, à travers toutes les productions de ce mouvement se trouve une unité. Comment comprendre cela ? Nous sommes ici aux antipodes de la logique parménidienne. C’est que pour Héraclite : « C’est le mouvement qui assure l’unité du Tout en sa multiplicité ». Dans la diversité des êtres, le mouvement demeure identique. Il est unité et fondement, il est substance commune et unité parfaite du cosmos. Cette substance comme changement même ne laisse rien à l’extérieur d’elle. Par là semble s’établir la différence d’avec Anaximandre, à savoir que chez Héraclite, le germe du cosmos ne peut surgir hors de « l’apeiron », du fondement. Il est bien plutôt en et par ce fondement, c’est-à-dire cette unité qu’est le changement.
Le mouvement d’Héraclite est aussi bien substance et mesure qu’idée. Il précède les êtres multiples et empiriques et est leur ordre. Héraclite traduit ce mouvement par l’image du feu. Or, il ne s’agit pas ici comme chez les Ioniens d’un principe exclusivement matériel : « Le feu est doué de pensée et cause du gouvernement de l’univers (…). Le mouvement-substance n’est pas seulement un feu matériel, il est la lumière même de l’être, il est le mystère des choses qui se révèle en ces choses mêmes et qu’il faut saisir pour que le cosmos ait un sens intelligible ». Héraclite nous dit bien qu’à l’écoute, non pas de lui-même, « mais du logos, il est sage de reconnaître que tout est un ». Dans le mouvement, ceci devient cela et vice-versa. Être ce qui est vivant ou être ce qui est mort, c’est la même chose. Les êtres naissent l’un de l’autre et dans leur opposition apparente subsiste la relation (opposition) qui est identité. Le dynamisme unit les contraires en les faisant passer l’un dans l’autre. Le monde a pour Héraclite toujours été et sera toujours feu. Les éléments continuellement passent les uns dans les autres dans un cycle éternel.

Dans la circonférence d’un cercle, le commencement et la fin se confondent. Le feu se consume et renaît de ses cendres éternellement et en tous points. Comme le mouvement est identité, il apparaîtra à Héraclite que le conflit est le phénomène de la genèse du multiple en l’identité. « C’est l’unité qui crée le multiple, c’est l’identité qui exige exclusion et opposition des deux termes pour être identité ». Mais inversement et tout à la fois pareillement, « il faut savoir que le conflit est communauté, la discorde justice, tout advient par discorde et par nécessité », les contraires sont tous unis et font pair. L’être c’est le non-être, et l’harmonie est tout à la fois conflit. Nous sommes donc bien loin du principe de non-contradiction se trouvant au fondement de la philosophie parménidienne. Il est cependant extrêmement difficile de comprendre cette unité des contraires ou de comprendre que les contraires sont le même. Héraclite a une philosophie ambiguë et très difficile à saisir. On l’appelait et cela va de soi : l’obscur. Il semble bien que pour lui l’harmonie dépend du jeu des opposés. Le conflit engendre l’harmonie de même que les contradictions. Cette harmonie ne semble plus devoir être comprise seulement comme relativité d’un terme par rapport à l’autre : s’il y a la vie il y a la mort, mais bien dans leur unité commune : « Pour Dieu, tout est bon et beau et juste, les hommes tiennent certaines choses pour justes, les autres pour injustes ». Il semble bien aussi que cette harmonie (logos) ne relève pas exclusivement de l’empirie ou du sensible, car ce ne sont pas les sens qui perçoivent cette harmonie. Ceux-ci, au contraire, ne peuvent qu’êtres causes d’illusions, «car ils ont une propension à s’arrêter aux termes du mouvement. Et ne voir le mouvement que par son terme conduit à fixer l’être que le mouvement a engendré». La connaissance sensible apparaît donc comme fixatrice. Ce même fleuve dans lequel on ne peut descendre deux fois est bien celui vu par les sens qui le pose comme quelque chose d’identique et de familier alors même que par eux nous touchons la réalité du mouvement. Or c’est là un élément essentiel que l’on retrouve dans la philosophie nietzschéenne. L’être tend à l’imposition de formes fixe comme mesure pour Nietzsche : l’œil voit en gros. Nos sens eux-mêmes forment, imposent des formes pour maîtriser le réel, c’est-à-dire le mouvement du devenir dans sa fluidité. Cette tendance à percevoir l’identité est une vue grossière propre chez Nietzsche à l’apollinisme. Il s’agit toujours d’une illusion qui jette un voile sur le devenir comme nécessité vitale, pour échapper au chaos. Héraclite ne vas pas jusque là, mais Nieyzsche entend à merveille cette citation de ce dernier : « Ce sont de mauvais témoins que les yeux et les oreilles, quand ils ont une âme barbare ». Or l’âme barbare pour Nietzsche ce sera Socrate et Platon qui ont tenté par tous les moyens et avec un effort sublime de stopper le courant du devenir en lui imposant des formes : le Bien et les Idées.

Cette écoute du logos par lequel on reconnaît que tout est un n’est pas seulement sensible et intelligible, mais aussi une loi créatrice et intelligente. Le logos est le mouvement même, à la fois cause et fin des êtres. C’est la raison toujours présente mais aussi cachée, aussi bien sous les phénomènes qui la voilent en la révélant, que sous les phrases du penseurs, car le logos peut être suggéré, mais non pas défini. Héraclite dit lui-même que « le logos, ce qui est toujours, les hommes sont incapables de le comprendre, aussi bien avant de l’entendre qu’après l’avoir entendu pour la première fois» et : « Les limites de l’âme, tu ne saurais les trouver en poursuivant ton chemin si longue que soit la route, tant est profond le logos qu’elle renferme». Il est manifeste qu’Héraclite est un penseur difficile. Socrate disait lui-même ne pas comprendre la moitié de ce qu’il disait. Monsieur Jeannière, a qui nous empruntons une bonne part des commentaires développés ci haut, ne « solutionne» que très peu la pensée de l’éphésien, mais pose beaucoup de questions.

dimanche 21 janvier 2007

Ainsi parlait Zarathoustra: Les trois métamorphoses

Je vais vous dire trois métamorphoses de l'esprit : comment l'esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant.

Il est maint fardeau pesant pour l'esprit, pour l'esprit patient et vigoureux en qui domine le respect : sa vigueur réclame le fardeau pesant, le plus pesant.

Qu'y a-t-il de plus pesant ! ainsi interroge l'esprit robuste. Dites-le, ô héros, afin que je le charge sur moi et que ma force se réjouisse.

N'est-ce pas cela : s'humilier pour faire souffrir son orgueil ? Faire luire sa folie pour tourner en dérision sa sagesse ?

Ou bien est-ce cela : déserter une cause, au moment où elle célèbre sa victoire ? Monter sur de hautes montagnes pour tenter le tentateur ?

Ou bien est-ce cela : se nourrir des glands et de l'herbe de la connaissance, et souffrir la faim dans son âme, pour l'amour de la vérité ?

Ou bien est-ce cela : être malade et renvoyer les consolateurs, se lier d'amitié avec des sourds qui n'entendent jamais ce que tu veux ?

Ou bien est-ce cela : descendre dans l'eau sale si c'est l'eau de la vérité et ne point repousser les grenouilles visqueuses et les purulents crapauds ?

Ou bien est-ce cela : aimer qui nous méprise et tendre la main au fantôme lorsqu'il veut nous effrayer ?

L'esprit robuste charge sur lui tous ces fardeaux pesants : tel le chameau qui sitôt chargé se hâte vers le désert, ainsi lui se hâte vers son désert.

Mais au fond du désert le plus solitaire s'accomplit la seconde métamorphose : ici l'esprit devient lion, il veut conquérir la liberté et être maître de son propre désert.

Il cherche ici son dernier maître : il veut être l'ennemi de ce maître, comme il est l'ennemi de son dernier dieu ; il veut lutter pour la victoire avec le grand dragon.

Quel est le grand dragon que l'esprit ne veut plus appeler ni dieu ni maître ? "Tu dois", s'appelle le grand dragon.

Mais l'esprit du lion dit :
"Je veux."
"
Tu dois" le guette au bord du chemin, étincelant d'or sous sa carapace aux mille écailles, et sur chaque écaille brille en lettres dorées : "Tu dois !"

Des valeurs de mille années brillent sur ces écailles et ainsi parle le plus puissant de tous les dragons : "Tout ce qui est valeur - brille sur moi."

Tout ce qui est valeur a déjà été créé, et c'est moi qui représente toutes les valeurs créées. En vérité il ne doit plus y avoir de "Je veux" ! Ainsi parle le dragon.

Mes frères, pourquoi est-il besoin du lion de l'esprit ? La bête robuste qui s'abstient et qui est respectueuse ne suffit-elle pas ?

Créer des valeurs nouvelles — le lion même ne le peut pas encore : mais se rendre libre pour la création nouvelle — c'est ce que peut la puissance du lion.

Se faire libre, opposer une divine négation, même au devoir : telle, mes frères, est la tâche où il est besoin du lion.

Conquérir le droit de créer des valeurs nouvelles — c'est la plus terrible conquête pour un esprit patient et respectueux. En vérité, c'est là un acte féroce, pour lui, et le fait d'une bête de proie.

Il aimait jadis le "Tu dois" comme son bien le plus sacré : maintenant il lui faut trouver l'illusion et l'arbitraire, même dans ce bien le plus sacré, pour qu'il fasse, aux dépens de son amour, la conquête de la liberté : il faut un lion pour un pareil rapt.

Mais, dites-moi, mes frères, que peut faire l'enfant que le lion ne pouvait faire ? Pourquoi faut-il que le lion ravisseur devienne enfant ?

L'enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation.

Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation : l'esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde.

Je vous ai nommé trois métamorphoses de l'esprit : comment l'esprit devient chameau, comment l'esprit devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. —

La fin de la Philosophie et la Décadence universitaire

La fin de la philosophie ?
Je fais ici une critique de la philosophie en milieu académique en analysant un passage de la naissance de la tragédie. Ceux qui veulent lire la critique allez tout de suite à la section " commentaires ". Cette critique ne touche pas juste la philosophie.

Selon Nietzsche, la musique comme langage de la volonté incite notre imagination à lui donner forme et à l’incarner dans un exemple analogue. Si cela se produit, l’image et le concept accèdent à une signification plus élevée. C’est l’art dionysiaque qui exerce une double action sur Apollon. Il provoque la vision analogique et générique du dionysiaque et fait ressortir une image analogique à cette vision. C’est la musique qui enfante le mythe et permet la connaissance tragique, un savoir de son essence, en cherchant la plus haute expression imagée qui soit. Cet esprit de la musique permet une compréhension tragique du monde et provoque une joie à l’anéantissement de l’individuation. Il y a expression de la toute puissance de la volonté se situant par-delà ou derrière le principium individuationnis. C’est l’éternité de la vie qui est ainsi vue et comprise comme volonté éternelle. C’est un regard dans les terreurs de l’existence individuelle ou le déclin et la souffrance s’annoncent comme nécessaires; mais cette vision, loin de resté figée d’horreur par la prophétie de sa fin future, prend plaisir à la contemplation de la joute des formes pour le droit à l’existence et à leur mère à tous : l’éternelle volonté. Nietzsche voit en cela une consolation métaphysique car nous sommes alors pour un moment l’être originel lui-même désirant et voulant en abondance, source de joie, de force, de puissance et matrice de tout être luttant pour vivre. La musique enfante le mythe en luttant en le poète lyrique pour se révéler en images. Images tragiques luttant pour leur prédominance et vouées par la force au déclin.


Nietzsche cherche par suite à savoir si la force qui a brisée la tragédie peut maintenir sa domination à tout jamais. Cette force, c’est l’impulsion dialectique au savoir et à l’optimisme scientifique. La tragédie ne renaîtra que par sa vision en et pour l’esprit scientifique lorsque ce dernier aura atteint ses limites et où s’annoncera en lui la fin de sa prétention à une validation universelle. La mort de la tragédie s’est produite essentiellement au cœur du dithyrambe attique où la musique n’exprimait plus l’intimité de l’être, la volonté elle-même. Le phénomène est alors fondé par la médiation du concept, c’est-à-dire qu’il est imité. L’homme est alors contraint à rechercher des analogies extérieures entre tel incident de la vie et certaines figures rythmiques ou certaines sonorités caractéristiques. La raison se satisfait alors d’analogies, et les reproductions qu’elle engendre sont plus pauvres que les phénomènes eux-mêmes. Il y a « figitude » de formes et fixation de l’imagination sur celles-ci. Il n’y a plus d’ouverture sur l’infinité du vouloir universel et sur sa généralité. L’image et la musique sont cristallisées, taillées sur le fond du monde, détachées de leur origine tragique et hypostasiées pour ainsi dire comme chose en soi, comme horizon de la vérité. L’esprit non dionysiaque équivaut à un raffinement psychologique qui se veut une peinture des caractères comme formes figées; une précision des contours de l’individuation. Cette dissection anatomique du monde le découpe en ces « propres caractéristiques ». Mais cette attitude est en fait une résolution toute terrestre à la dissonance tragique. Entre l’homme et le phénomène un deus ex machina solidifie la véracité des formes par la connaissance. C’est la victoire de l’esprit scientifique qui comme schème bien encré au sein de la vie corrige le monde, résout les problèmes et veut tout connaître en vérité. L’homme est désormais la mesure de toutes choses.


Cette victoire de l’esprit scientifique est aussi le fruit de la volonté qui toujours en répandant une illusion sur les choses forces ses créatures à s’accrocher à l’existence. Toute civilisation nous dit Nietzsche est constituée de telles illusions agissant comme stimulant pour tromper le dégoût du poids de l’existence. L’esprit optimiste de la culture alexandrine ou socratique a triomphé sur les autres formes de civilisations possibles se perpétuant par l’idéal scientifique. Seulement, avec l’homme moderne, cette culture s’effrite. L’homme soupçonne les limites de ce plaisir socratique à la connaissance. Tranquillement l’ombre se lève sur l’illusion théorique. C’est que l’homme du savoir ressent tranquillement l’esclavagisme qu’il représente, sa propre aliénation. Sa volonté de fonder une culture universelle du savoir, sa croyance en la dignité de l’homme, le targue à se réaliser toujours davantage. Mais cette sollicitation apparaît davantage comme un dernier effort, un dernier souffle pour vivre. La joute a reprise avec force et l’homme théorique recule devant ses propres conséquences, c’est-à-dire devant ses fondements. Il a perdu sa naïveté pour laisser place à l’horreur. Il aura beau rechercher d’autres formes, il n’est plus en mesure de combattre et de comprendre la nature cruelle des choses. L’action le répugne. L’homme ne trouvera aucune médiation possible du concept pour la violence de la joute. Les formes actives « napoléoniennes » ne trouvent aucune raison valide et ne figurent en aucune vérité. L’image dissone et provoque l’effondrement de sa propre vision; elle l’aveugle et n’est d’aucune mesure avec cet homme. Cette chose n’est pas à sa mesure.


Commentaires :



Nietzsche est ce philosophe dans l’arène qui observe sur le théâtre du monde la joute de l’existence. Il observe le déclin de l’homme moderne et fait figure de prophète pour les siècles à venir. Qu’avons-nous conservé de son enseignement ? Un simple constat il me semble. Les dernières lignes du chapitre 18 sont d’une justesse terrible pour nous vivant présentement. " C’est en vain que l’on cherche appui, en les imitant, sur toutes les grandes époques productives et tous les grands génies créateurs et qu’on rassemble autour de l’homme moderne toute la littérature, tous les styles et tous les artistes pour qu’il leur donne un nom. Il ne reste plus que l’éternel affamé, le « critique » sans vigueur et sans joie". Mais que dire alors de la philosophie aujourd’hui ? Échappe-t-elle à de pareils attributs? Il semble qu’à en croire Nietzsche, la philosophie ne fait que poursuivre dans cet idéal scientifique vain en éduquant et formant les esprits à tout imiter, critiquer et en les maintenant dans cette espace du ressentiment vivant sans joie et toujours en réaction à quelques pensées, s’acharnant à faire une critique vaine de tout ce qui a été et n’ayant aucune créativité. L’éducation philosophique contemporaine suit dans une large mesure très bien la vision Nietzschéenne. Un vouloir neuf n’est pas forcément promulgué ou mis en avant plan. Force est de constater qu’une formelle imitation est exigée et que toujours il faut constituer d’innombrables analogies entre tels et tels penseurs et idées. La bibliographie déborde, les notes en bas de pages abondent : tout doit demeuré en terrain connu. Ne serions nous pas cette esprit scientifique qui cherche de nouvelles formes sans vraiment y croire, en marche vers un nihilisme complet ? Car nous ne pouvons pas dire non plus que tout étudiant philosophe agit avec joie, amour et que tous vivent d’affirmation. Il existe selon mon expérience un fort primat de la négation. Très souvent le discours passe de négation en négation et finit sans conclusion affirmative mais plutôt avec un silence ou un « je ne sais pas ». Pour dire comme Nietzsche, ce n’est plus la question du bien et du mal ou encore de la vérité qui importe, mais bien la question du sens. Or, quel sens suit notre éducation philosophique? Est-elle dégénérescente? Vit-elle dans l’absence de sens, perdue « au milieu de ce vaste désert qu’est l’océan du savoir »? Et même si elle assume le tragique dans la sympathie et l’amour, que doit-elle être après s’avoir détourné des méthodes, principes et fins antérieurs ? Il lui faudrait être moraliste, prophétique, bergère comme l’est Nietzsche? C’est exactement ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Devrait-elle devenir artistique? Mais comment pourrait-elle être encore philosophie si on lui retire sa tradition, son ambition pour le concept ou son amour pour le savoir ? Peut-elle seulement tolérer sa finitude et de se voir retranchée au rang de simple perspective? Je crois que la philosophie est pour Nietzsche une forme décadente et qu’un surhomme philosophe ou un philosophe dionysiaque est un phénomène impossible. En fait si je considère la tradition philosophique qui a suivie Nietzsche, elle demeure fixée dans cette progression nihiliste : la phénoménologie, la philosophie analytique, la philosophie morale et politique se débattent toujours dans la question du vrai, de l’être, du sujet, du bien, de la justice, du beau, etc. Impossible de concevoir une philosophie dionysiaque qui est quoique ce soit à faire avec ces philosophies d’après Nietzsche. La philosophie me semble donc bien dans la perspective Nietzschéenne une forme agonisante.

samedi 20 janvier 2007

DÜRER, Albrecht (1471-1528)


La sagesse de Silène ?


Freud (historique / topique / Oedipe et Tabou) : Cours Cégep

Freud :


Il transforme à tous jamais la compréhension qu’on se fait de l’homme

Troisième vexation : 1) cosmologique : la terre n’est pas au centre
2) biologique : l’homme descend du singe (pas fait à l’image de Dieu)
3) psychologique : l’inconscient (le moi n’est pas maître dans sa maison).

Au XIX siècle : Forte tendance positiviste
Prédominance des sciences
Observation / mesure
L’homme : un objet d’étude

Hermann Von Helmholtz (1821 -1894)

- Le principe de conservation de l’énergie
- L’énergie peut se transformer, se déplacer, mais ne peut se perdre ou être détruite.
- Permet d’entrevoir l’homme comme un système dynamique d’énergies diverses qui obéisse aux
lois physiques et chimiques

Psychanalyse : - soigner névroses
- chercher causes déterminantes et perturbatrices responsables des troubles mentaux et de leurs symptômes physiques

Inconscient = régit par le désir et la recherche de la satisfaction.
= constitué d’excitations pulsionnelles
= représentant psychique d’excitations corporelles
= des poussés psychiques qui viennent du corps et dont l’unique but
est de supprimer l’état d’excitation à la source de la pulsion.
Ex : faim / désir sexuelle (désir sous toutes ses formes)

Le refoulement : Mécanisme de défense qui repousse dans l’inconscient involontairement
Des désirs sexuels et agressifs et leurs représentations interdites.
Barrage contre la pulsion et sa représentation.
Interdit telle ou telle représentation / image / pensée (voir p. 147)

Résistance : Tout ce qui, dans les actions / paroles de l’analysé s’oppose à l’accès de celui-ci à son inconscient.

But : libérer l’homme
Amener à la conscience les conflits inconscients

Méthode : association libre : amener au jours des articulations inconscientes
Analyse des rêves : voie royale de l’inconscient
Rêves = symbole qui contient un contenu réel représentant des conflits inconscients
Drogue / Hypnose

« Impossible d’établir scientifiquement une ligne de démarcation entre les états normaux et anormaux ».

La raison est déterminée : L’homme n’est pas maître de lui-même parce qu’il est conscient de soi et possède un libre arbitre ( Descartes)

La raison / conscience = déterminé par l’inconscient (pulsions)
Seule une partie de l’activité psychique est consciente

« Notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d’idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l’origine ».

Ces idées et actes demeurent incompréhensibles pour la conscience.
Dans l’inconscient : La logique n’y est pas
Pas de loi de non-contradiction
Pas de causalité
Le temps et l’espace sont abolis



Topique de la psyché : ÇA – MOI – SURMOI ( voir Onglet Freud Topique)


Le ça ou inconscient :

L’inconscient est nommé le ça et est régit par le principe de plaisir et de déplaisir. Le but de l’homme est toujours d’éviter le déplaisir ou la tension psychique.

Noyau de notre être / premier chez l’être humain / dominé par besoin primaire

Le bébé ne se conforme pas aux exigences de la réalité / ne tient pas compte des impératifs parentaux et de la culture.

Égoïsme souverain du plaisir chez le bébé.

L’inconscient est le lieu des désirs et pulsions. De fait, Freud y voit deux grands types de pulsion :

La pulsion de vie, qui correspond à l’autoconservation et à la procréation (désir sexuelle) et à la pulsion de mort, celle qui tend à la destruction de soi-même et d’autrui.

La pulsion a sa source dans une excitation corporelle et consiste en une poussé qui fait tendre vers un but. Tant que le but n’est pas réalisé, il y a insatisfaction, un déplaisir ou une tension.


Le moi :

Permet la défense de tout ce qui est dans l’inconscient.
- il oppose la résistance
- une partie du ça qui c’est différencié au contact de la réalité
- à l’écoute de l’intérieur et de l’extérieur
- tenir à l’écart la tension
- il impose un délai à la satisfaction immédiate
- il tient compte de la réalité ( du monde extérieur) pour satisfaire le ça
- il tient compte du ça, du sur-moi et de la réalité.

Le surmoi :

Le surmoi n’est pas inné, il apparaît plus tard
C’est le lieu de la morale, des obligations, c’est lui qui juge et condamne et surtout c’est de par lui qu’arrive le sentiment de culpabilité, c’est le lieu de l’infériorité et de l’idéal.


Or, le surmoi n’est pas inné. L’enfant ne connaît pas d’inhibition, il ne connaît pas la morale. Mais le sur-moi va se créer chez l’enfant par une identification au parent.

L’identification est un processus par lequel l’enfant assimile un aspect, une propriété, un attribut de l’autre et se transforme sur le modèle de celui-ci.
Le surmoi est ce qui permet la tradition, la culture et la religion.

Le surmoi advient au stade du complexe d’œdipe


Le complexe d’Oedipe :

L’enfant est dans une relation fusionnelle avec sa mère.
Sa mère satisfait tous ses besoins.
La tension est automatiquement éliminée et l’enfant ne connaît pas le déplaisir lié a l’attente de la satisfaction; ce qui entraîne une tension.
Il n’y a pas de différence entre lui et l’autre.
Peu à peu, la mère va laisser attendre l’enfant pour toute sorte de raison.
Il y aura alors un délai entre le besoin (la demande) et la satisfaction.
L’enfant va réaliser que la source de la satisfaction est à l’extérieur de lui.

C’est la naissance du moi.
Compensation pour revivre la relation fusionnelle :
Suçage du pousse pour éteindre la tension.
Le phallus de l’enfant servira aussi de compensation narcissique
pour faire revivre la relation fusionnelle.

Le phallus : expression de la toute puissance sexuelle
: désiré et être désiré = relation fusionnelle avec la mère

C’est là que va se produire le complexe d’oedipe :

L’enfant recherche la satisfaction première que lui donne la mère (la relation fusionnelle).
En ce sens, le petit garçon va développer des sentiments d’amour pour sa mère et des sentiments ambivalents pour son père.
L’enfant aime son père et vénère : C’est un protecteur qui prend soins de lui et c’est aussi celui qui à l’attention de la mère.
Mais en même temps, il le déteste et le haït car il lui retire le privilège d’être l’objet d’amour de la mère, d’être l’objet de désir de la mère : le phallus. Il va fantasmer le meurtre du père et va connaître l’angoisse, la peur que le père se venge et l’élimine.
L’enfant vers l’âge de 5 ans va prendre son phallus pour recréer la relation fusionnelle. Son phallus, pénis, lui permet de se revivre comme objet de désire de la mère. Les caresses permettent d’abaisser la tension psychique. C’est un comportement narcissique.
Hors, l’enfant va être en mesure de réaliser que son père possède un phallus plus gros que lui et surtout, il va réaliser que sa mère a été castrée, qu’elle ne possède pas le phallus.

L’enfant va vivre la peur, l’angoisse de la castration par le père.
La peur de ne plus jamais revivre la satisfaction fusionnelle.
À ce moment, l’enfant se détourne de sa mère par peur d’être castré et va s’identifier au père.

C’est la que va s’installer le sur-moi et deux interdit majeurs :

Interdictions du meurtre du père
Interdiction de l’inceste

Ce sont deux refoulements qui vont faire naître une angoisse.
Dans la conscience morale il y a aussi quelque chose d'inconnu et d'inconscient, à savoir les raisons du refoulement, de la répudiation de certains désirs.
Et c'est cet inconnu et inconscient qui détermine le caractère angoissant de la conscience morale.

L’enfant va oublier réprimé c’est deux désir parce qu’il provoque une angoisse. Une crainte de mourir. Le désir du meurtre est lié à une crainte du châtiment. ET la morale va s’établir sur la culpabilité devant ces désirs. Le sur-moi va tenter d’étouffer ces désirs par la culpabilité.

Or, c’est deux interdit seront constitutif de la religion :


Dans Totem et Tabou, Freud va démontrer que les débuts de la religion relève d’un complexe similaire au complexe d’Oedipe.

Il y a pour Freud une similarité entre la vie psychique du primitif et celle de l’enfant.

Le totem est un animal déifié, un animal qui représente un dieu ou un animal habité par le dieu lui-même autour duquel se constitue la société. Rappelons nous ici que nous sommes à un stade primitif de l’humanité.

Ce qu’il y a d’important pour Freud, c’est que le totem est une substitution du père. Les primitifs auront eux aussi une attitude ambivalente envers le totem. (admiration et crainte)


Mais il faut voir que pour Freud, le totem et la répression des désirs n’est pas innée. Dieu n’est pas inné. Il va devenir et apparaître chez les primitifs suite à une situation similaire au complexe d’Oedipe.

La situation : Freud nous dit qu’il faut imaginer une situation historique situé très loin en amont de la nôtre. Il y a eu un moment ou un père violent et tyrannique chassait ses fils devenu mature de la horde. Il les empêchait par cela de s’approprier les femelles. Tous ces mâles avaient été protégés par le père durant leur jeune développement. Le père les chassait violemment en les tuants, les blessant et les mangeant peut-être. Le mal rendait ainsi impossible son meurtre et l’appropriation de ses femmes. Les frères n’eurent d’autres choix que s’associer pour tuer le père afin de satisfaire leur besoin sexuelle et de procréation. Ils le mangèrent. Mais cette action nous dit Freud fut suivi d’un sentiment de culpabilité, d’une angoisse d’être castré, d’être châtié à nouveau par le père. C’est là qu’apparaît le totem. Le totem apparaît comme un substitue du père, le totem en quelque sorte représente une tentative d’étouffer la culpabilité, de refouler le meurtre du père et de le faire revivre. Il est une réconciliation avec le père. Pour ne plus revivre cette situation angoissante, les frères s’interdisent l’inceste, c’est-à-dire la tentative de vouloir coucher avec la femme du père pour ne pas réveiller sa crainte. La société naît donc sur le meurtre du père et la religion sur un sentiment de culpabilité.

La société va donc s’organiser autour du totem. Et chaque membre d’un totem sera une même famille qui n’aura aucun rapport sexuel avec les autres. Le totem peut être un animal ou autres, mais il a toujours la particularité d’être source d’angoisse et de vénération. Il s’agit toujours de ne pas lui contrevenir pour ne pas subir son jugement ou sa haine.
Le totem va se transformer.
Il va y avoir des Dieux demi-hommes demi-bêtes,
des dieux hommes (Grec) et enfin un dieu unique et immatériel. (Ce développement est long)


Le père Dieu deviendra de plus en plus immatériel.

Dieu Chrétien : Tu ne tueras point
Tu ne renieras pas ton Dieu
Tu ne prendras pas la femme d’autrui

Dieu est une culpabilité, d’une angoisse liée à un parricide premier pour satisfaire un désir incestueux.
Donc dieu est le refoulement d’un désir et l’expression d’un conflit.
Dieu = une névrose obsessionnelle
Dieu apparaît aussi comme un protecteur permettant la société (la communauté des frères)
Il permet un renoncement aux instincts pouvant nuire à la société.
Mais en vertu de sa faiblesse intellectuelle, l’humanité ne pouvait réaliser la société de manière intelligente, mais seulement à l’aide de forces affectives.
Dieu= une illusion

La rencontre

Par Dany Roy-Robert

Nietzsche

Par Véronique Leduc

Freud Topique


vendredi 19 janvier 2007

La révolution copernicienne : cours Cégep

La révolution copernicienne


École scolastique : Enseignement de la révélation (théologie chrétienne) et de la doctrine Aristotélicienne de l’être et de la nature.


-Terre au centre de l’univers
-Terre immobile
-Corps céleste parfaitement rond (lune / soleil)
qui tourne autour de la terre.
-Cosmos fini et ordonné: La voûte étoilé = sphère incorruptilbe
-Chaque élément de la nature possède sa finalité
-Adéquation du monde objectif et de la subjectivité

Copernic : Pour des raisons mathématiques : Le soleil au centre
Galilée : Télescope : Valide Copernic.
Bruno : l’Univers est infini


Intense période intellectuel
Décentrement
Vérités ancestrales tombent – Dur coup porté à la chrétienté – Perte du sens

Pascal : « Le silence des ces espaces infinis m’effraie »

L’Homme a perdu sa place dans le monde, a perdu le monde même qui formait le cadre de son existence et l’objet de son savoir

Cours sur Descartes

Descartes

Né en France le 31 mars 1596
Décédé ne Suède le 11 février 1650

Il est philosophe, mathématicien et physicien.

Le fondateur de la philosophie moderne

Sa philosophie est tributaire de la révolution copernicienne.

Enfant maladif, il se fit remarquer par ses dons intellectuels précoces.

Il apprit la physique et la philosophie scolastique et étudia les mathématiques

Ces études lui paraissaient incohérentes et peu propres à la bonne conduite de la raison

Le doute sceptique est une question qui intéresse son siècle : on a conscience de ne pas posséder une vérité indubitable, surtout dans le domaine des mœurs et des opinions, mais on la cherche : le cheminement vers le doute s'oriente vers la vérité

Les sciences deviennent des disciplines autonomes qui se passent de la métaphysique. L'école scolastique a manqué sur les questions d'observation, elle est discréditée. C'est la révolution copernicienne qui remet la tradition en doute.


École scolastique : Enseignement de la révélation (théologie chrétienne) et de la doctrine Aristotélicienne de l’être et de la nature.

-Terre au centre de l’univers
-Terre immobile
- Corps céleste parfaitement rond (lune / soleil) qui tourne autour de la terre.
- Cosmos fini : La voûte étoilé = sphère
- Chaque élément de la nature possède sa finalité
ex : la roche descend en bas ( cela est inscrit en elle) / pas a cause de la gravité


Le doute méthodique :

En fait, Descartes est le contemporain et le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée, qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'icì considérée comme le centre d'un univers fini, une planète comme les autres. L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique. Or Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même. En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute:


Il décide d'étudier le grand livre du monde : voyages/ dissection de cadavres/ guerres /

En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce alors à publier le Traité du Monde qui ne paraîtra qu'en 1664.
En 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (le dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le 22 juin 1633 et l'hypothèse du mouvement de la Terre fut interdite.

Néanmoins, les thèses héliocentriques font leur chemin. Elles remettent en cause certains fondements de la religion chrétienne : le psaume 93 (92) (Dieu, roi de l'univers) affirme en effet, au XVIIe siècle : « Tu (Dieu) as fixé la terre immobile et ferme »

Descartes, avide de connaissances, s'interrogea sur la place de la science dans la connaissance humaine. Il approuvait le projet de Galilée de rendre compte de la nature en langage mathématique, mais il lui reprochait son manque de méthode, d'ordre, et d'unité

La méthode :
Descartes commença donc par élaborer une méthode qu'il voulait universelle, aspirant à étendre la certitude mathématique à l'ensemble du savoir, et espérant ainsi fonder une mathesis universalis, une mathématique universelle. C'est l'objet du Discours de la méthode (1637). Il affirme ainsi que l'univers dans son ensemble (mis à part l'esprit qui est d'une autre nature que le corps) est susceptible d'une interprétation mathématique. Tous les phénomènes doivent pouvoir s'expliquer par des raisons mathématiques, c'est-à-dire par des figures et des mouvements conformément à des "lois".
Mais il sentira la nécessité d'un fondement métaphysique pour la connaissance, fondement lié à la théologie qui permettrait d'affermir la religion. La métaphysique cartésienne, qu'il expose dans les méditations métaphysiques (1641), a ainsi une double fonction, et le but serait atteint si l'on met en évidence les principes premiers dont on peut déduire tout le reste.
La métaphysique cartésienne devient le point de départ de toutes les connaissances

Le projet cartésien s'inscrit donc dans une conception morale de la recherche de la vérité

« Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n'est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c'est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l'étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. » (les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'édition française des principes)

La philosophie est donc la recherche de la vérité par la lumière naturelle, et elle doit élaborer une méthode pour y parvenir, car la méthode est « la voie que l'esprit doit suivre pour atteindre la vérité. » (Règles pour la direction de l'esprit, IV). La méthode est le point de départ de toute philosophie, car elle « prépare notre entendement pour juger en perfection de la vérité et nous apprend à régler nos volontés en distinguant les choses bonnes d'avec les mauvaises. » (Recherche de la vérité, X). La grande préoccupation de Descartes est ainsi d'atteindre la certitude. C'est pourquoi il rejette d'emblée ces connaissances qui nous viennent des sens et des livres, car ce ne sont là que des certitudes paresseuses, quand il ne s'agit pas seulement de probabilité, et, par ce moyen, nous ne pouvons trouver la vérité que par hasard et non par méthode.
La certitude que Descartes se propose de trouver est au contraire absolue, et c'est une certitude analogue à celle des démonstrations mathématiques qui nous font voir avec évidence que la chose ne saurait être autrement que nous la jugeons et qui ne donne pas prise au scepticisme, au doute.
Ainsi, par le nom de science, Descartes n'entend-il rien d'autre qu'une connaissance claire et distincte

Mais comment parvenir à une telle certitude ? Tout doit être reconstruit ; Descartes va ainsi s'efforcer de bâtir la science en un fonds qui soit tout à lui. Mais la première condition pour bâtir l'édifice des sciences certaines, c'est que l'esprit se crée ses propres instruments, au lieu d'emprunter à autrui des outils dont il n'a pas éprouvé la rigueur.

L’Évidence :


« Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute. »

L'intuition et la déduction = 2 moyens de connaissance

Ce qui est immédiatement évident (rigoureusement) est la condition de la connaissance. C'est au moyen d'une intuition que la pensée saisit les éléments les plus simples, c'est-à-dire les principes. Il existe donc pour Descartes des propositions simples qui, dès qu'elles sont pensées, sont tenues pour vraies : rien ne produit rien, une seule et même chose ne peut à la fois être et ne pas être

C'est à partir de ces intuitions des principes premiers que nous pouvons raisonner, c'est-à-dire nous avancer dans la connaissance au moyen de la déduction.

Déduction : principe premier et universel qui fait œuvre de loi et à partir duquel je peux conclure de la vérité d’autre chose.

Ex : Tous les hommes sont mortels
Socrate est un homme
Donc Socrate est mortel


Pour s'assurer de la solidité de nos connaissances, il nous faut trouver une bonne fois pour toutes un fondement inébranlable à partir duquel nous pourrions déduire tout le reste. Ainsi peut-on dire que la méthode cartésienne commence en réalité par la mise en doute systématique de toutes les connaissances qui nous semblent évidentes.

« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant. Non que j'imitasse en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter; car au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer, et à rejeter la terre mouvante et le sable, pour trouver le roc ou l'argile. »
(Discours de la méthode, troisième partie).


« Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitude. »

Doute : la méthode par excellence pour distinguer les connaissances certaines de celles qui ne sont que vraisemblables.

Le doute est utilisé comme pierre de touche de la vérité, dans l'espoir d'arriver à une certitude véritablement indubitable.

Descartes l'étend à tout ce que l'esprit peut concevoir et à ce qu'il tient pour le plus vrai, comme les vérités mathématiques

« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose qui fut entièrement indubitable.»

Méditation Métaphysique :

Un itinéraire spirituelle / discours réflexif de soi à soi- même / on suit descartes / à l’écart du monde extérieur.




I. Méditation: Des choses que l'on peut révoquer en doute

Descartes veut établir quelque chose de ferme et de constant, il veut véritablement savoir (c’est-à-dire savoir avec une entière certitude)

Ce que je croyais savoir s'écroule si les principes sur lesquels j'avais établi mes connaissances sont douteux et incertains.

Le doute devra être universel et méthodique



Raison de douter 2 : Le rêve


1: Les sens sont trompeurs
Les sens m'ont trompé quelquefois, et je ne peux plus jamais faire confiance à ce qui m'a trompé une fois

2 : Le rêve
Quand je rêve je crois réelles les choses que je rêve
On ne le croit que quand on rêve car nous distinguons bien la veille du sommeil. Mais sur quoi se fonde cette différence ?

Si j'y songe sérieusement il m'est arrivé que ce que je voyais en songe ne m'apparaissait pas moins clair et distinct que ce que je voyais en veille

Bien sûr il reste quelque chose de la croyance que je ne dors pas en ce moment, mais je ne peux plus lui trouver de fondement solide

Les éléments du rêve sont réels

Les fictions les plus extravagantes sont nécessairement composées de choses indubitablement réelles et véritables

L’argument ne peut résister face aux maths et à la géométrie.
Par ex; que je veille ou que je dorme 2+3=5 ; donc il y a une insignifiance de la veille et du sommeil.


3 : La supposition du Dieu trompeur

Peut-être que Dieu a voulu que je me trompe toutes les fois que je fais 2+3=5 (pas sur le résultat, mais parce qu'en fait Dieu aurait décidé que 2+3 serait autre chose que 5 tout en me laissant croire que c'est 5.).

On se base sur l'idée d'un Dieu tout-puissant, si Dieu peut tout il peut aussi nous tromper sur tout.
Mais Dieu est Bon ? Cela ne l’empêche pas de me tromper.
Dieu qui peut tout peut faire qu'il n'y ait absolument rien de certain.

Il me faut donc supposer qu'il y a un mauvais génie qui s'emploie à me tromper, c'est l'artifice que je me donne pour me persuader que le monde extérieur n'est qu'une illusion de mes yeux



II. Méditation : De la nature de l'esprit humain; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps

Descartes se retrouve dans ce qu'il appelle une "eau profonde". En effet, il est plongé dans le doute comme il le serait dans une eau profonde et il ne sait pas s'il va réussir à en sortir ou s'y noyer.
Il faut continuer de rejeter tout ce qui peut contenir la moindre certitude jusqu'à trouver quelque chose de certain. S'il n'y a rien de tel, alors je saurais au moins avec certitude qu'il n'y a rien de certain.

Mais moi qui doute de tout objet, je pense, car douter c'est penser, et penser c'est être qqch. Je suis puisque je doute. Mais je ne suis pas un objet résistant au doute, je suis le sujet du doute, et donc le sujet de la pensée. Je suis, j'existe, non pas comme une chose, mais comme sujet.

La certitude que j'existe parce que je pense est la première.


Je pense donc je suis.





Mais je ne sais pas ce que je suis ?


A la réponse un homme, on peut dire qu'est-ce qu'un homme? Un animal raisonnable. Mais qu'est-ce que raisonnable et qu'est-ce qu'animal ? Ce serait infini… (Accumulation sans fin d'incertitudes.)

On ne peut dire que je sois un corps puisque j’ai écarté les sens.

Reste l'acte de penser, je suis puisque je pense. Ma nature est de penser, elle n'est que de penser, la pensée est le seul attribut qui m'appartienne nécessairement. Je pense, je suis, c'est la même chose


L’âme :


Je peux désormais dire que je suis une âme à condition de ne plus penser l'âme comme avant mais de la concevoir comme "chose qui pense" ou esprit, entendement, raison.

Je pense, je suis. Mais pourquoi pas je sens, je suis ou j'imagine. Les actes de douter, de concevoir, d'affirmer ou de nier, de vouloir et de ne pas vouloir, d'imaginer et de sentir, ne sont pas d'une autre nature que l'acte de penser, ce sont des modes de la pensée. Je suis une chose qui pense, c'est-à-dire aussi qui imagine et qui sent. Que ce que j'imagine soit vrai ou faux, existe ou n'existe pas il est néanmoins vrai que je pense imaginer et que je pense sentir.

Pourquoi suis-je certain de n'être qu'une chose qui pense ? Parce que je le conçois clairement et distinctement…donc je sais que toutes les choses que je percevrais clairement et distinctement seront vraies…

« Je connus de là que j’étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser [...] En sorte que moi, c'est-à-dire l’âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps. »


Rappel :

Une connaissance claire et distincte est celle de laquelle il est impossible de douter, elle est donc évidemment vraie…
Je ne peux douter que je doute.
Cependant, l'existence hors de moi des choses sensibles demeure douteuse

Il me faudra prouver que Dieu n'est pas trompeur pour pouvoir sortir de la seule certitude que j'ai: celle d'être une chose qui pense.

En effet si Dieu n'est pas trompeur je pourrais être sûr de toutes les connaissances qui seront claires et distinctes

L'esprit sait en vérité qu'il pense mais il ne sait pas si ce qu'il pense est vrai.

La connaissance du monde reste incertaine et sans vérité tant qu'elle demeure sans fondement.



Première preuve de l’existence de Dieu :

J’ai en moi l’idée de perfection, d’infini, de toute puissance : Dieu. Or, je ne peux être la cause de ces idées puisque je suis fini et imparfait.
Il y a une seule idée en moi que je ne suis pas assez parfait pour avoir produite: Dieu
Il est impossible que je sois la cause de cette idée. Donc si une idée représentant quelque chose de plus parfait que moi est en moi alors il faudra conclure que quelque chose, la cause de cette idée, existe hors de moi !
J'ai l'idée de Dieu donc Dieu existe, c'est la preuve de l'existence de Dieu ramenée à l'essentiel. J'ai l'idée du parfait donc l'être parfait existe. Dieu est tout parfait, donc il n'est pas trompeur puisque la tromperie est une imperfection.
C’est pour cela que Descartes est rationaliste : il croit à la réalité des idées.
2 : Dieu est l’Idée qui implique sont existence : Si Dieu n’existerait pas, il ne serait pas parfait, il lui manquerait quelque chose.
3 : Dieu est la cause première de tout. Puisqu’il est la cause de tout et qu’il est parfait : le monde n’est pas une illusion.

Maintenant : La découverte de beaucoup d'autres vérités est désormais possible. L'esprit s'ouvre à la Lumière immense


IV. Méditation : Du vrai et du faux
Où en sommes-nous après les 3 premières Méditations ?
J'ai appris à détacher mon esprit des sens. Je sais détacher les choses corporelles de celles que seul l'entendement peut percevoir, qui sont donc purement intelligibles, ce sont l'esprit humain et Dieu. J'ai une idée très claire de ces choses intelligibles mais pas encore des choses matérielles. Dieu n'est pas la cause de mes erreurs. Et pourtant il m'arrive très souvent de me tromper ! Comment expliquer l'erreur alors que je suis certain que je tiens de dieu la puissance de juger qui est en moi et que puisque Dieu n'est pas trompeur elle n'a pas été mise en moi afin que je puisse me tromper ?

La liberté

La liberté. Je vois que mes erreurs ont deux causes qui sont en moi :
-l'entendement, qui est la puissance de connaître.
-La volonté, qui est le pouvoir de choisir, d'affirmer ou de nier, le Libre arbitre.

. L'erreur n'est possible que dans le jugement Or, le jugement est le concours de 2 puissances : l'entendement qui conçoit (limité, seul Dieu connaît tout), la volonté qui affirme ou nie
La liberté est en nous la puissance infinie d'affirmer et de nier.
La liberté est en moi un pouvoir véritablement divin, puisque je suis le maître de ma liberté.




Erreur :
D'où viennent mes erreurs ?
Mes erreurs ne naissent ni de mon entendement ni de ma volonté mais de leur inégalité;
Ma volonté nie ou affirme ce que l’entendement ne conçoit pas clairement. (probable / inconnu / douteux)
Je ne me suis pas trompé en affirmant que j'étais une chose qui pense, puisque je le savais clairement et distinctement.
Je me suis précipité d’avoir la vérité.
C’est de ma faute.
Mauvaise méthode : Je n’ai pas donné créance à ce qui est clair et distinct

Mathématique : en l’esprit
Géométrie : en l’esprit
L’idée d’étendu en l’esprit. Voir p. 19
Nietzsche : Cours du cégep.

Pour Nietzsche, la culture est fondée sur un dualisme.

Ce qui est traditionnellement entendu comme
beau, bien, vrai, dieu, vie et temps sont mis en questions.

Il critique avec force la tradition

Ce que vise Nietzsche c’est la métaphysique

Physique = nature
Meta = sur : science de l’au-delà de la physique

La métaphysique = la science de ce qui dure
= Le savoir, la connaissance de ce qui est vrai et bien
= Fondement théorique et moral de la connaissance

Très important: Pour Nietzsche, les valeurs sont des symptômes de types de vie. Nietzsche reconduit les valeurs présentent chez un individu ou un peuple aux instances pulsionnelles qui les produisent. Ce qu'il montre, c'est la valeur de ces valeurs, c'est-à-dire la force d'avenir ou la faiblesse qu'elles représentent. Nous verrons ce que signifie force et faiblesse.

Autre point: il faut voir que tout est question de valeurs et donc de forces dans l'existence.
En ce sens, l'existence est dynamique. Il y a sans cesse créations de valeurs et pas de vérités fermes: " Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont "
et : " L'art est là pour ne pas mourir de la vérité "

La philosophie au temps de la naissance de la tragédie se veut sagesse tragique, mais avec Socrate, l’existence perd comme l’ouverture vers le côté nocturne de la vie, elle perd le savoir mystique de l’unité de la vie et de la mort, la tension entre l’individuation et le fond originellement un de la vie. (35)L’existence devient banale, captive de l’apparence, elle est démystifiée. Pour deux siècles, l’horizon du questionnement philosophique va se rétrécir ne visant plus l’action du tout universel mais simplement l’étant intérieur au monde. 36 Et c’est là le problème même de la métaphysique : de croire aux étants et de leur imposer une hiérarchie. Il y a division du monde intramondain et division entre l’intramondain et l’extra mondain. Le tout du monde tragique est perdu.

Chez Socrate, il se serait formé simplement un aspect de l’esprit mais celui-ci de façon excessive, à savoir l’aspect logico rationnel

Traditionnellement : Christianisme et philosophie grec


Un système d’opposition


Valeurs supérieures

Etre: Ce qui demeure / fixe
Ce qui fait que tout est

Monde suprasensible - Dieu

Idée /Concept / Esprit/ Raison
Immatériel
Éternel

Qualités :

Beau
Bien
Vrai
Sagesse
Haut
Juste

Pour la connaissance :

Vérité
Savoir
Universel
Fixe et stable – unité - loi
Permanence
Identité

Valeurs inférieures

Non-être: changement/devenir


Monde sensible

Corps et Sens
Matériel
Toujours en devenir

Qualités :

Laid
Mal (souffrance)
Faux
Sot
Bas
Injuste

Pour la connaissance :

Erreur
Ignorance
Particulier
Diversité
Apparence
Pluralité

p.113.
La vision théorique du monde est fondée sur un instinct esthétique affaibli qui a perdu toutes ses forces. 37 Des animaux intelligents ont inventé la connaissance. Ce fut l’instant du plus grand mensonge et de la suprême arrogance dans l’histoire universelle. Le langage est selon lui le tout des conventions qui fixent les dénominations désormais valables (41). Il n’est pas le lieu d’une vérité en soi. Les idées ne sont plus d’abord des « vérités » ou des « faussetés » ; ce sont des symptômes vitaux, des signes qui trahissent une existence.

Nietzsche va se demander s’il n’y a pas une relation entre les sens et l’esprit

Il va réaliser une inversion de la tradition

Démontrer la genèse du concept, du langage, de l’esprit, de dieu


1: excitation nerveuse
Sens
Non-être
Endevenir (toujours)

2: image

3: Mot

4: Concept
Raison
Esprit
Etre
Fixe


De 1 à 4 = une abstraction / une simplification /
une stratégie de la vie pour maîtriser le monde
pour voir en gros

Des tendances vitales agissent derrière la volonté de vérité et ces tendances vitales ne sont pas désintéressées. (59) Nietzsche développe alors un grand art de la diffamation et du désenchantement, la joie sacrilège d’expliquer le supérieur à partir de l’inférieur, l’idéal à partir de l’instinct, la grandeur de l’existence à partir de choses trop humaines : la généalogie (68).

Le philosophe = falsification inconsciente

Tout cela est fondé sur quelque chose de plus profond :
La volonté de puissance


Il faut retenir ici que pour simplifier la chose, les termes de corps, vie, organisme, force, pulsions = équivalent.


La volonté de puissance :

-L’essence même de tout organisme vivant.
-C’est la force vitale qui habite tout être et qui crée tout être.
-C’est l’essence même de la terre et de tout corps.

Pour Nietzsche : tout organisme est constituée d’affects, de pulsions, d’instincts qui sont des forces.
En ce sens tout est organique et terrestre.

Nietzsche saisit la volonté de puissance par une intuition, par l’ouverture au flux du devenir, à la vie constructrice destructrice, au jeu qu'est le monde

La substance, la chose et le je sont des fictions, des formes de la volonté de puissance

Le monde en fait un flux

La falsification est une nécessité biologique pour fin de maîtrise.

Le je dans les choses est une falsification. Il n y a pas de choses finies demeurant dans leur finitude au sens objectif du terme

Le but des des pulsions :

- la maîtrise, la conquête, la croissance
- commander et être obéit
- vouloir plus / se dépasser
- créer son monde, s’imposer


Ceci est en tout organisme et entre tout organisme : pour tout

La vie = toujours une lutte / une joute / des conflits / souffrance et joie

Exemples :

- Dialogue et idées : un(e) veut avoir raison= remporter une victoire
- Le jugement : Imposer son sens
- Les animaux : Le territoire
- Les guerres
- La maladie : il y a lutte dans le corps
- Le masochiste : Il y a conflit dans les pensées
- Les désirs : Ne pas vouloir ceci, mais cela.
La haine

Il y a deux sens à la volonté de puissance :
ascendante et descendante

Il faut parvenir à une conscience de soi supérieure où la création transcendantale des valeurs est œuvre de l’existence. Il rejette les valeurs chrétiennes du point de vue de leur contenu. La remonté à la vie qui évalue devient chez lui le principe d’un nouvel établissement des valeurs, parce qu’en secret il évalue la vie elle-même du point de vue de la « force » et de la « faiblesse ». (155). La force et la santé là où l’homme accepte courageusement la situation tragique et où héroïquement il est prêt à vaincre ou à sombrer, à connaître la volonté de puissance ; la faiblesse, à s’en détourner

La morale aristocratique des maîtres procède du pathos de la distance. Elle crée des valeurs : fierté = hiérarchie = vertus guerrières = mépris de ce qui est inférieurs et seulement utile.La morale des faibles = niveler / égalité / instinct de vengeance contre nobles / tue l’exception. Pour elle, ce qui est puissant et conscient de sa puissance est méchant. La morale des faibles est reçu et non créée

Volonté de puissance forte

Hiérarchie des pulsions
en l’organisme et entre les organismes

Chacun est à sa place
Le tout marche bien et avance

Santé/ Joie / Fierté

Volonté de puissance faible

Anarchie des pulsions et/ ou tyrannie d’une sur les autres
en et entre les organismes

Tout n’est pas à sa place
L’organisation est difficile

Haine/ Souffrance/ Culpabilité

La tradition métaphysique
La Vérité / Le Bien et le Mal / Dieu
sont volonté de puissance mais une volonté affaiblie, décadente.



Pourquoi ?



Réprimande les instincts, les passions, la vie, maintient l’humanité sous le joug de devoir.



L’esprit (compris traditionnellement)

L’intériorité est le résultat d’une perversion des instincts.




L’esprit n’est pas l’essence de l’homme comme chez Descartes
Il est une création de la volonté de puissance affaiblie
Une stratégie de survie
Il est organique
Il est un tyran
C’est la raideur d’un membre blessé



La Liberté

Nietzsche fait figure de l’esprit libre qui se libère de la servitude (66). L’homme ne cherche plus ses buts au dehors, mais en lui-même (66).
Vivre sera alors oser, et la vie devient possible comme expérimentation. C’est un nouveau sentiment de l’existence qui habite Nietzsche : la grande témérité de l’esprit qui ne se réclame plus de rien. (66). Dès lors, les étoiles de l’idéal ne sont que les perspectives du dépassement de soi-même.

Est aussi la volonté de puissance :
= sentiment de supériorité : commander et être obéi
= sentiment de facilité : force qui se déploie, victoire,joie
= « La vie s’exprime davantage par les instincts que par la raison.
Quel qu’il soit, l’instinct est source de liberté, l’instrument du progrès ».


Vouloir = pouvoir


Traditionnellement,
Liberté = responsabilité et culpabilité pour
1)Réprimander les instincts : sexe, violence, la joie des désirs, la lutte.
2)Récompenser d’un monde meilleur en dieu, dans l’abstinence.

Faire croire que l’on peut si l’on veut, qu’on est libre de choisir ( le bien)

Vouloir = devoir


La chrétienté et la morale, avec leur vérité, bien et beau = Dressage de l’homme instinctuel. Veut aussi commander, et que quelque chose soit obéit.

Mais il est faible et impuissant :



Pourquoi ?



Volonté déclinante et ascendante :




Volonté déclinante : Ressentiment (a expliquer)

L’intériorité est le résultat d’une perversion des instincts.

« Tous les instincts qui n’ont pas de débouché, que quelque force répressive empêche d’éclater au dehors, retourne en dedans ».
Le monde intérieur équivaut à l’empêchement de l’expansion vers l’extérieur.

La thèse de Nietzsche sur la conscience morale, c’est que la conscience n’est rien d’autre que l’instinct de la cruauté empêché d’éclater au dehors et qui pour cette raison se retourne en dedans, c’est la mauvaise conscience. La cruauté équivaut à un instinct fondamental qui procure du plaisir à voir souffrir autrui.

Dévalorise les sens, les instincts, les désirs
Impuissant à réaliser sa force, ses désirs.
Incapacité d’affronter les forces multiples de la vie.
Incapable d’affronter les obstacles de la vie et la souffrance
Il renonce à maîtriser, à commander.
Il n’agit pas, il réagit
Il n’affirme pas, il nie
Il se replie sur lui-même (timide)
Il accuse la vie et les personnalités fortes.
C’est un lâche et un peureux
En lui se réalise une compensation imaginaire qui relève de son impuissance :
Dieu / amour du prochain et humanisme = vengeance contre la source du mal : passion, instinct, orgueil, fierté, amour de soi, amoral, expression individuelle.
=vengeance contre les nobles et les forts: Noble = Je suis bon donc tu es mauvais
: Faible = Tu es mauvais donc je suis bon = réaction
" Votre amour du prochain, c'est votre mauvais amour de vous-mêmes "
= Tentative de camoufler son impuissance en cherchant l'amour du prochain, l'amour du troupeau.
= une illusion pour tenter de dominer
= bon parce que le monde, la vie terrestre, le corps est mauvais

Invention de la morale : expulser ce qui est mal (ce qui nous fait peur) en inventant le Bien et le Mal.
Le but des faibles est de donner mauvaise conscience aux forts.
Valeurs entretenue : humilité, sacrifice de soi, désintérêt, vénération, attente, oubli de soi.

En fait : quitter cette vie pour être libéré de la souffrance et de l’impuissance.

Dieu domine et tous doivent s’y soumettre = nivellement des esprit
Je ne me commande plus et ne m’obéit plus.



Le nihilisme :


Ceci (être) est le début d’un nihilisme passif :

- un symptôme de décadence de l’organisme : une maladie
- Commence par la croyance en des valeurs supérieures (mécanisme de défense, une stratégie de la volonté pour demeurer en vie)
- Négation du monde terrestre et du temps (mort) : espoir d’un autre monde
- Néant (parce que cela n’existe pas)

Cela est efficace pour Platon et les Chrétiens : mais au cours de l’histoire c’est valeurs vont s’effriter (Dieu tombe en poussière) : elles vont devenir petite.
Décomposition des anciennes valeurs et de leur hiérarchie.

Nihilisme est aussi la reconnaissance de l’absence de valeurs. Il fait donc figure d’un intermédiaire / d’une ambiguïté / d’une ambivalence. Il est crépuscule et aurore.
À ce moment, « tout peu être signe de déclin ou de force ». C’est le moment de la démocratie et de l’anarchie des instincts.
Perte de sens et de but : aucune valeur ne domine (aujourd’hui)
Tout s’équivaut et plus rien ne vaut : lassitude, fatigue, l’homme veut le rien, cherche son petit confort et attend, l 'homme se dégoûte, n'a même plus la force de mépriser: cela est vain et vanité.

C'est un crépuscule: l'homme suivra son Dieu dans la tombe !



Faut renverser ça



Nihilisme actif ou extatique

Ne s’apitoie pas sur l’absence de sens
L’homme qui se fait lui-même destructeur des anciennes valeurs.

Détruit les anciennes tables de valeurs : vérité, bien, vrai, Juste
Descartes : (la recherche de la vérité anime l’être humain)

Détruire :

1) Christianisme : détruit le corps, maîtriser les passions

2) Le pieux et l’ascétique : privation, mortification, lutte contre désirs

3) Science : exactitude, lois universelle, objectivité du réel.

4) Rationaliste qui accorde à la raison de trouver sa seule valeur : La

5) Vérité




Volonté de puissance ascendante:

L’homme fidèle à la vie, à ses instincts, ses désirs, passions.
Pas besoin de dogmes extrêmes.
Aime une bonne part de non-sens et de hasard.

La volonté de puissance comme possession de soi pour se surmonter :

Combats les obstacles, aime la joute qu’est la vie
Égoïsme souverain, fierté, perfection, à de grands projets.
Affirmation de soi, valorise ses intérêts

La volonté de puissance rejette les « tu dois » :

Rejeter toute moralité
Rejeter ce qui s’oppose à nos désirs, qui est contre les instincts.
Rejeter le tyran (Dieu- Raison) qui limite notre horizon
Rejeter la morale du troupeau.

La volonté de puissance comme création de valeurs nouvelles :

« C’est là ce que je veux ! C’est ainsi que je le voudrai »
N’accepte pas les valeurs sociales.
Veut créer ce qui le dépasse

La plus grande volonté de puissance :
Déployer sa force instinctive en énergie créatrice.

Pas l’homme qui se laisse aller à tous ses petits désirs :

Masturbation, drogue, alcool, etc. = être esclave
= fuite d’un mal


Cette volonté ascendante est le propre du surhomme :


Le surhomme :

Napoléon : " J'aime le pouvoir (...) en artiste, (...) comme un musicien aime son violon, (...) pour en tirer des sons, des accords, des harmonies. "

L’homme découvre le surhumain comme une dimension cachée de sa propre nature (69).
Le libre esprit, c’est la métamorphose du saint, du sage et de l’artiste. (72). Il est la vérité de la vie aliéné qui s’oublie elle-même (73). Il est une conversion de l’existence et la victoire sur un oubli de longue date, la reprise dans la vie elle-même de toutes les tendances vitales vers la transcendance. Le libre esprit abolit l’aliénation de l’homme en revenant des « valeurs en soi » à la création des valeurs.

Un type de volonté
L’annonce d’un nouveau type d’humanité

Le surhomme : l’affirmation de l’individualité

C’est le contraire de l’homme du troupeau : passif, faible, commun
Il est unique, individu héroïque.

Le surhomme : un hymne à la vie

Il magnifie les pulsions et passions, la volonté de vivre
Il intensifie la vie, il fait sa place.
Il aime la vie
Il dit oui à ce qui est (sa situation).
Il agit comme si toute chose devrait toujours en être ainsi.
Ce que je vis là dans l’instant, je dois le vouloir éternellement.
(Voir page 121)

« De même que la pesanteur épuise toute force finie de ceux qui lancent au loin, la consomme et finalement l’anéantit, de même la force infinie du temps épuise, consomme et anéantit en chemin toutes les forces finies qui portent l’homme au-dessus de lui-même ».

La doctrine de l’éternel retour enseigne justement l’absence de sens et de valeurs du tout (monde-vie) dans lequel se fait tout estimation. La valeur totale du monde est inestimable.
Mais en ce sens, l'éternel retour est séletif, car celui qui malgré son prochain déclin aime la terre, celui-là est surhumain.

Le surhumain est élitiste :

Élévation du type humain : Société aristocratique
= Hiérarchie de valeurs entre les hommes : Pas égalité
Individus d’exception au-dessus de la masse :
Fier – Caractère remarquable – Noble – Courageux – S’affirme
Abondant – Donne (ex : Napoléon) (voir p. 122)


Le contraire de l’homme moderne :
Valorise le relâchement, le repos. Pessimiste, méfiant, lâche.

Le surhumain est dur :

Dur envers lui-même et les autres : au sens d’exigence et d’efforts.
Évite la paresse et la lâcheté, la pitié, la douceur
Force, courage et ténacité.
Il aime le défi et veut se dépasser
Ex : Grand sportif, aventurier, artiste (Beethoven)

Le surhumain est amoral :

Ne se soumet pas à l’impureté morale : faiblesse du corps
Ne fait pas le mal pour le mal = vengeance
Si il donne il le veut. Ne se sent pas obligé
Se donne sa propre loi

Il est libre :

N’est pas soumis à la morale
Ne vie pas le ressentiment : honte, culpabilité
Ni la vengeance : C’est de ta faute
Il n’est pas négatif

Il est créateur :

L’art = la valeur suprême
Donne vie et forme au monde selon sa volonté
Trace sa voie ou personne n’a été


Passage de l’homme au Surhomme :

Chameau – Lion – Enfant. (Voir p 125 – 126)