lundi 12 mars 2007

Sartre cours cégep


Jean-Paul Sartre

Intro :

Les nazis ont donné une essence à l’homme (une nature)
La religion fait de même
La psychologie et la psychanalyse aussi
Les sciences et la technique objectivent l’homme (l’homme comme chose étendue = Descartes, l’homme comme génome, etc.)

Il y a une opposition traditionnelle en philosophie :

1) Idéalisme et rationalisme : sujet sur l’objet ; conscience comme substance : idées constitutives du réel

2) Empirisme : L’objet sur le sujet ; conscience comme réceptacle ; idées constituées par l’expérience.

Traditionnellement, la conscience = un sujet, une identité, une intériorité, une substance close sur elle-même, un organe, etc.

La conscience chez Sartre :

Une inadéquation
Une non coïncidence, elle ne coïncide avec rien
Elle ne peut répondre à la question : qu’est-ce que je suis ?
Elle n’est pas quelque chose d’objectivable
Elle n’est rien de spécifique : ni ceci, ni cela

L’homme existe avant d’être quoi que ce soit : l’existence précède l’essence.

L’homme existe ici, là, maintenant (sans plus)
Exister c’est être un néant en ce sens que je n’ai pas de nature, de destin, de détermination, d’essence, aucun concept ou aucune conception ne me définit.

Avant d’être quelque chose, j’existe.

Je ne suis tout d’abord rien, je suis un néant.

Ce néant, c’est la capacité de s’arracher à sa situation, de se mettre hors circuit, de me retirer de toute détermination qui me constituerait.

Ce néant = la liberté.

Le projet : l’homme est « un être qui est ce qu’il n’est pas et qui n’est pas ce qu’il est »

L’homme n’est pas, il a à se faire.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

L’homme existe : il est tourné (se pro-jette) vers l’avenir, il peut s’arracher au donné, à sa situation présente (il n’est pas prisonnier de l’instant), il se dépasse.
Il peut néantir sa situation présente.

L’homme est un projet, un possible.
En étant tourné vers l’avenir, l’homme se rapporte à ses possibles et peut se choisir par ses actes.

Ex : Vous êtes ici, mais ce ici et maintenant n’a de sens qu’en regard de votre projet.
Si vous voulez devenir philosophe, ce cours vous plaira.
Si vous préféreriez être chez vous entrer de manger, etc… la situation présente vous semblera « pas l’fun »

J’ai dit que chaque homme est libre et projet
Mais cette liberté s’exerce toujours en situation.

L’homme comme projet est toujours en tension entre un ensemble de conditions données et le dépassement de ces conditions.
C’est la facticité : le fait d’être au sein d’un monde que l’on a pas choisit.
Voir le schéma en haut de la page


L’homme = un discours de sa facticité et de sa liberté

Chez Sartre, il y a un primat de la liberté qui fait que je choisis le sens et la valeur de la situation.
(voir p. 183)

C’est nous qui conférons à notre passé son sens.
C’est moi qui en fait un trésor ou le tue
Jamais il n’aura la fatalité d’un destin non plus que rien d’autre.

Notre liberté n’est pas un retrait intérieur ni un arrachement au monde
Etre libre, c’est être libre pour faire et être libre dans le monde.

Nous n’avons pas choisi d’être libre et nous ne sommes pas libre de cesser d’être libre
« La liberté est non libre d’elle-même »
Nous sommes condamnés à être libres
Il n’y a ni Dieu, ni destin, ni origine qui puissent nous enlever notre liberté.

À chaque instant nous sommes libres.

Cependant, la liberté est difficile à toujours assumer
Elle prive l’homme de toutes excuses, de toutes déterminations
La liberté n’est pas seulement un concept ou une idée, c’est notre existence.

L’homme qui se choisit soi-même = Authenticité

Qu’est-ce qui permet à l’homme de se découvrir comme un projet libre :

L’angoisse :

Ce n’est pas un sentiment intérieur
C’est l’apparition du néant dans le monde
L’expérience du néant qu’est ma liberté
L’angoisse = une disposition qui me détache de tout ce qui est, de toute préoccupation quotidienne (idées, représentations, rôle social, etc.)
= un effondrement du monde familier
Nous sommes détachés de tout attachement familier.

L’angoisse découvre l’existence comme simple possibilité
Me découvre comme jeté-là au monde sans aucune raison.
Mon existence est absurde, il n’y a aucun sens à mon existence pas plus qu’à celle des autres.
Rien ne m’empêche de me tuer, rien ne justifie que je demeure en vie
Ma vie est seulement un possible, rien de nécessaire.
Je suis là pour rien, tout est incertain

Alors là, je dois me choisir. Ma liberté est entière.

« Je suis celui que je serai sur le mode de ne l’être pas »

Cette prise de conscience de ma liberté, de ma néantité = une résolution


La mauvaise foi : ne pas vouloir choisir / fuir l’angoisse.

Généralement, nous sommes immergés dans nos préoccupations et nous nous laissons déterminer de l’extérieur par les situations.
Nos jouons le jeu de l’être, c’est-à-dire que nous agissons comme si ce que l’on était et vivait était nécessaire.
Dieu, la morale, les parents, donnent un sens à nos actes comme si cela était sacro-saint.


1) L’esprit de sérieux : un garde fou contre l’angoisse / voiler que c’est ma liberté seule qui donne un sens au fait / nous fuyons la liberté, l’angoisse de notre liberté
2) La mauvaise foi : l’art de se chercher des excuses, de se donner une unité, un sens

Voir p. 191

On oubli que l’existence est un jeu, un possible, un néant. On croit réellement que l’on est ceci ou cela : je suis un professeur, un étudiant, un musicien. Non ! je ne suis rien de cela

Ex : la personne âgée qui nous dit de faire ce que nous voulons avant de mourir, car elle réalise qu’au fond le sérieux de sa vie ne l’était pas.

L’homme inauthentique et de mauvaise foi recherche toujours un lieu ou il peut se reposer. Se libérer de sa liberté : il cherche un sens, un destin qui lui permet de ne pas choisir : Le bon dieu l’a voulu ainsi : Pas du tout le grand ! C’est toi et toi seul !

Dieu = un oubli de notre liberté / une fuite devant notre liberté/ une aliénation de notre liberté / une fuite devant le néant de notre existence / la volonté de s’affranchir devant notre responsabilité / un renoncement

Authenticité :

Un éternel vouloir être sans excuse
Cela est extrêmement difficile
Il faut tout avoir voulu
Une tâche infini, toujours à reprendre.

(L’existentialisme est un humanisme p. 77-78)
Sartre : l’existentialisme est un humanisme

Résumé : L’homme = un rien
Il ne sera qu’ensuite et il sera tel qu’il se sera fait.

L’homme sera d’abord ce qu’il a projeté d’être

Donc, si l’existence précède l’essence, l’homme est responsable de ce qu’il est.

Sartre veut mettre l’homme en possession de ce qu’il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence.

Sartre nous dit de l’homme qu’il est responsable de tous les hommes.

Pour l’existentialisme, l’homme est digne, il n’est pas un objet ou quelque chose.

Le cogito :
Dans le je pense donc je suis, le je est universel et existentiel.
Dans le cogito, nous nous atteignons nous-même comme existant (néant) et nous découvrons aussi tous les autres : Ce Je universel comme néant est vrai de tous les je.

Quand l’homme se choisit il choisit tous les hommes.

En créant l’homme que nous voulons être, nous créons une image de l’homme que nous estimons comme devant être.

Nous choisissons une valeur. Être ceci = un choix qu l’on valorise qui vaut pour tous.

Notre responsabilité engage l’humanité entière.
Ex : Si je choisis la fidélité et le mariage, j’engage l’humanité sur la voie de la monogamie.

« En me choisissant, je choisis l’homme »

Voir l’existentialisme est un humanisme p. 34-35

« Tout se passe comme si, pour tout homme, toute l’humanité avait les yeux fixée sur ce qu’il fait ».

L’angoisse nous impose de choisir parce qu’elle nous place devant des possibles et met en œuvre notre responsabilité parce qu’il faut choisir et personne ne peut nous dire quoi choisir.
Ex : le chef militaire

Il n’y a pas d’excuse, pas moyen d’échapper à notre totale responsabilité.

L’homme est l’avenir de l’homme (p.41)

Je ne peux pas compter sur des hommes que je connais pas en me fondant sur la bonté humaine parce qu’il n’y a pas de fond de bonté humaine.
Les choses seront telles que l’homme aura décidé.

Demain, le fascisme peut revenir.

Je ne peux espérer un progrès de la bonté parce que tous auront à choisir.

Je m’engage donc sans espoir.

L’homme doit inventer. Il est en réalisation constante qui ne suit aucun chemin

L’homme est une entreprise, il doit se créer sans cesse.

Autrui :

Les autres sont la condition de mon existence. On ne peut rien être sauf si les autres nous reconnaisse comme tel.
Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par les autres.

Je ne peux être professeur sans vous ou être méchant sans que quelqu’un me détermine ainsi.

Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par les autres.

L’autre est une liberté qui me pense.

L’autre parce qu’il me pense, me conditionne, il me détermine comme étant ceci ou cela.

Donc, l’autre peut-être pour moi une aliénation.

Pourquoi ?

L’être humain= un être regardé et un être regardant.
Nous vivons sous le regard des autres

Dans la vie, face aux choses, je suis toujours un sujet.
Dans la situation d’être-regardé (par l’autre) je suis objet.
L’autre me chosifie.

L’autre m’objective, il fait de moi quelque chose. Il me limite, me réduit ; je deviens ceci ou cela. Je suis tel qu’il me voit et par là je vois sa liberté qui me fait être ceci ou cela.

« L’enfer c’est les autres »
Les rapports humains représentent constamment un conflit. Le regard d’autrui est toujours conflictuel.

Le regard me confère un être fixe; tu es comme ça !!!
Je suis réduit à une possibilité

Ex : la serrure.
Manuel p ?

Mais n’oublions pas que nous sommes rien, un néant.

Cependant, c’est moi à la lumière de mon projet authentique qui accepte ou non l’image de moi que me présente l’autre. Mais comme nous sommes souvent dans le jeu de l’être (inauthentique), nous oublions notre liberté et entrons de plein fouet dans le conflit.